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MICROCRÉDIT – En préparations des discussions qui auront lieu lors de la conférence de Bruxelles en septembre 2007 sur cet outil de financement aux exclus, voici quelques commentaires nuançant les propos excessivement optimistes venant des medias.
Comprendre les limites ou non de cet outil dans un monde qui se financiarise. La réinsertion d’un côté et l’investissement productif de l’autre ; manque de transparence et de débats sur les vrai taux d'intérêt appliqués et les mécanismes mis en place pour assurer un remboursement élevé ; le microcrédit comme équivalent de l’homéopathie par rapport à la médicine classique ; le microcrédit en France comme source de sous financement des créateurs d’entreprises ; un liquidateur qui ne reconnaît pas un micro crédit comme un prêt professionnel ; flexibilité de l’outil pour différencier entre lutte contre la pauvreté dans les pays pauvres et lutte contre l'exclusion dans les pays riches ; innovation sociale et « sas » pour développer des activités économiques et assurer l'émancipation (définition : compartiment étanche qui sépare des milieux où la pression n'est pas la même ????)….


LE MICROCREDIT N'EST PAS UN LEVIER FORT DU DEVELOPPEMENT
(Par Christian LOSSON, Libération - mercredi 21 mars 2007, Réponses de Jean-Michel Servet, économiste, qui pointe les limites du système)

Professeur d'économie à l'Institut d'études du développement de Genève, fondateur du programme de recherche sur la microfinance à l'Institut français de Pondichéry (Inde), Jean-Michel Servet est aussi l'auteur de Banquier aux pieds nus (1). Entretien.

COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS LE FORMIDABLE ESSOR DU MICROCREDIT ?
C'est un vrai outil qui permet d'attirer l'attention sur les exclus des services financiers dans un monde qui se financiarise, mais il faut comprendre ses limites. En France, le coût de distribution d'un euro de crédit coûte jusqu'à un euro. Difficile à tenir sans subvention publique sauf en consentant des taux d'intérêts prohibitifs. Le niveau de remboursement (87 %) masque aussi des rééchelonnements fréquents des prêts.

MAIS LE POTENTIEL EST REEL ?
On évalue 60 000 créations d'entreprises microfinancées par an en France. C'est un coup de pouce pour la réinsertion, un moyen de répondre à un besoin d'entreprendre une activité. Mais il est à comparer aux 6 millions de chômeurs et aux travailleurs pauvres. A l'instar de ce qui se passe en Chine ou en Inde, le vrai moteur de la croissance, c'est l'emploi salarié, pas l'entrepreneur pauvre. Ce type de développement par le bas porte y compris en Europe des risques en matière de respect des normes de sécurité ou d'environnement.

LE MICROCREDIT TOUCHE 100 MILLIONS DE PERSONNES DANS LE MONDE...
L'outil est intéressant dans les sociétés postcrises, en Argentine, en Europe orientale ou postconflits, comme en Bosnie. Il sert à améliorer le budget des familles ou à stabiliser des activités professionnelles, pas forcément à des investissements productifs. Or, porté par les institutions internationales et des ONG qui se transforment en banque, le microcrédit vire à la mode, au credo. Il n'est qu'une partie de la microfinance, qui peut concerner l'épargne, les transferts financiers pour migrants, la microassurance, etc. Il ne remplace en rien les infrastructures, les besoins en santé, en éducation, en eau. Si c'est parfois un filet de sécurité pour les moins pauvres d'entre les pauvres, ce n'est pas un levier fort pour le développement. Il ne représente d'ailleurs qu'entre 1 à 2 % de l'aide au développement.

A-T-IL QUAND MEME UN IMPACT REEL ?
Cela reste à voir. Prenons le Bangladesh, le pays de Mohammad Yunus, Prix Nobel de la paix 2006, avec sa Grameen Bank. C'est le marché au monde le plus saturé de petits prêts. A elles seules, les vingt plus grandes institutions de microcrédits touchent 21 millions de familles, soit 105 millions d'habitants, sur un total de 147 millions. Comment expliquer que 36 % de la population vivait, en 2004, encore sous le seuil d'extrême pauvreté, avec moins d'un dollar par jour, comme en 1990 ? Par ailleurs, le pays a reçu dix fois plus d'aide au développement par tête d'habitant que l'Inde.

ET L'INDE, JUSTEMENT ?
Selon les études de l'Institut français de Pondichéry, le microcrédit ne change rien dans 70 % des cas, profite à 15 %, surendette dans 15 % et a même entraîné des vagues de suicides chez les paysans. La microfinance est un peu le même mythe que les transferts des migrants dont on vante l'apport aujourd'hui ; or, la moitié des migrants en France qui veulent créer une entreprise veulent le faire en France et 80 % rapatrient de l'argent dans leur pays pour la famille ou l'immobilier, mais bien peu dans des activités productives, notamment dans le secteur rural...

COMMENT FAIRE POUR AIDER 80 % DES GENS EXCLUS DU SYSTEME BANCAIRE DANS LES PAYS LES PLUS DEMUNIS ?
Contrairement à ce qu'on pense, en Afrique par exemple, 50 pays sur 54 connaissent une situation de surliquidité bancaire, selon une étude du Fonds monétaire international. Il manque simplement de fonds de garanties pour inciter les banques à prêter de l'argent. L'aide publique au développement pourrait jouer ce rôle-là, mais elle ne le fait pratiquement pas, car ce genre d'appui n'est pas comptabilisé dans l'aide ! Résultat, les coopérations des pays riches préfèrent faire de la communication en finançant des ONG.

LES BANQUES TRADITIONNELLES SURFENT AUSSI SUR LE MICROCREDIT ?
«L'éthique» , la «responsabilité sociale» ou le «développement durable» sont des thèmes porteurs au moment où les banques engrangent des bénéfices records. Il ne faut ni diaboliser le microcrédit ni fantasmer sur les potentialités de cet instrument financier.»


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COMMENTAIRES SUR LE SITE DE LIBÉ PAR LES LECTEURS :

FAVORABLES :
- Comme projet de politique étrangère, notamment pour l'afrique


DÉFAVORABLES :

- La vague de publicité faite autour du microcredit a été trop souvent présentée comme le seul instrument pour aider les pauvres alors que ceux qui sortent vraiment du cercle vicieux de l'endettement est un très petit pourcentage des bénéficiaires (les success stories du microcredit [l’instrument publicitaire] sont limitées en nombre). Les vrai taux d'intérêt appliqués sont très rarement débattus. Les mécanismes mis en place pour assurer un remboursement aussi élevé ne sont pas expliqués et surtout on ne parle pas de la pression (psychologique) faite auprès des receveurs de prêt (plutôt les receveuses car au pays du fondateur du microcredit ceci s'adresse au femmes). Le fait de faire participer activement les femmes dans le développement économique a un impact social important qui est trop peu analysé. Le microcredit qui est une opération financière devrait être administré par les instituts financiers (pour assurer un taux d'intérêt juste et raisonnable) et l'aide apporte par les ONG devrait servir a aider les banques pour garantir le remboursement.
- C'est un leurre dangereux et faussement politiquement correct ! Je travaille dans un réseau d'accompagnement à l a création d'entreprise, c'est mon rayon... les micro crédits de l'ADIE ne peuvent permettre que de lever au maximum 5 000 €, le prêt moyen de l'ADIE est de 3000 € Or toute entreprise pérenne en France, artisanat, commerce, services a besoin au bas mot de 10000 € pour se lancer ! Foi d'ancien banquier... ces créateurs sont donc sous financés, OSEO BDPME (la banque de la création d'entreprise) souligne que ce sous financement est la principale raison de faillite des créations d'entreprises en France On crée du créateur pauvre, sous financé, dépendant du filet social, dont l'entreprise coule rapidement et comme c'est un prêt à la personne(non pas sur l'entreprise) avec un garant solvable (50% du montant emprunté), il rembourse même s'il n'a plus de revenus professionnel car le liquidateur ne considère pas le micro crédit comme un prêt professionnel... D'où l'importance du rééchelonnement et du taux de remboursement

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YUNUS, VRP DU MICROCREDIT A PARIS
Le fondateur de la Grameen Bank et Prix Nobel de la paix en visite en France.
(Par Christian LOSSON, Libération mercredi 21 mars 2007)

Tapis rouge pour le pape du microcrédit. Mohammad Yunus, Prix Nobel de la paix, prendra son petit déjeuner ce matin avec le gouverneur de la Banque de France avant de poser pour la photo aux côtés du ministre des Affaires étrangères. «Il faut faire mieux connaître le microcrédit en France», justifie Maria Nowak, présidente de l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie, 300 salariés), qui tenait hier son assemblée générale.

Celle qui a créé en 1988 la principale institution de microcrédit en France en s'inspirant de la Grameen Bank du Bangladais Yunus, met, certes, en garde contre les dérives, notamment de communication, de ces miniprêts pour les plus démunis. Avant de se lancer dans un plaidoyer : «Nous avons financé près de 40 000 entreprises pour des chômeurs et des RMistes», avec des taux de pertes «de seulement 3 %» et une pérennité sur deux ans «de 64 %», mieux «que la moyenne nationale». La microfinance «permet de lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud et contre l'exclusion dans les pays riches».

Une innovation sociale donc, selon elle, qui concerne 300 000 personnes en France et permet avant tout «d'être un sas pour développer des activités économiques et assurer l'émancipation».

ID: 39595
Author(s): iff
Publication date: 21/03/07
   
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Lien vers l'article de Libération
 

Created: 03/04/07. Last changed: 03/04/07.
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