La "Charité" de Bill Gates - Info Financité 78 RFA Belgique Quand ta main droite ignore ce que fait ta main gauche… On lisait, il y a peu dans le Los Angeles Times un article sur la Fondation Bill et Melinda Gates. L’organisme pèse aujourd’hui plus de 60 milliards de dollars, un capital supérieur au produit intérieur brut de près de deux tiers de la planète. Comme la plupart des fondations, celle du magnat de l’informatique soutient des programmes caritatifs avec les bénéfices engendrés par cet énorme capital. Tandis que la Fondation Gates se donne pour objectif la lutte contre le SIDA, les épidémies de malaria, la pauvreté et soutient la qualité des écoles américaines, son capital est investi sans aucune considération éthique. Pire, 41 % des actifs sont placés dans des entreprises dont les activités contrarient sérieusement les objectifs de la Fondation. Les gestionnaires prennent notamment de nombreuses prises de participation dans de grands groupes pétroliers (ENI, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil,…) dont les activités en Afrique, en dehors de toute considération écologique, ont des conséquences néfastes sur la population. Dans le même temps, la Fondation consacre des millions de dollars à soigner et à vacciner ces mêmes populations contre des affections respiratoires. C’est encore le cas lorsque les fonds de Bill et Melinda Gates sont investis dans des sociétés pharmaceutiques dont les politiques d’accès aux médicaments par les populations défavorisées sont extrêmement critiquées. Bill et Mélinda Gates expliquent cette dichotomie par un cloisonnement strict entre la gestion caritative et financière. Le but de cette dernière doit être de faire suffisamment de bénéfices pour alimenter les programmes caritatifs. Nul doute pourtant qu’un fonds de 60 milliards de dollars pourrait vraiment modifier de facto certains comportements de sociétés, plutôt que de les encourager. Les fondations Ford, Rockfeller et d’autres fondent leurs choix d’investissement sur des critères de bonne gouvernance, de respect de l’environnement, etc. Certains sont même de vrais actionnaires militants et utilisent leurs droits de vote pour infléchir la politique des sociétés dont ils sont actionnaires. Le cas de Bill Gates nous interpelle parce que le personnage est emblématique. Pourtant, ce comportement se reproduit à tous les niveaux de la société. Combien sommes-nous, ONG, pouvoirs publics, citoyens dont les agissements sont incohérents et schizophréniques ? A la fois très intéressés à soutenir certaines causes et à lutter contre certaines pratiques, nous plaçons notre argent sans prendre la mesure des conséquences, reprenant d’une main ce que nous avons donné de l’autre. ID: 39556 Author(s): Financité Publication date: 23/03/07

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Created: 23/03/07. Last changed: 23/03/07.
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