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L’EXCLUSION : "Crédit et maladie" article paru dans LE MONDE faissant commentaire sur l'accès des malades au crédit.
Faudra-t-il aller jusqu'à la contrainte législative pour garantir l'accès à l'emprunt et à l'assurance des malades, ou même des anciens malades ? Depuis septembre 2001, une convention, dite Belorgey, est censée permettre un accès minimal pour ces personnes qui ont déjà subi les épreuves de la vie, en mutualisant leurs risques particuliers. Mais Jean-Michel Belorgey, conseiller d'Etat et spécialiste des questions sociales, souligne lui-même la persistance des blocages. Jacques Chirac a donc demandé aux protagonistes de trouver d'ici au 30 juin un accord, formalisé par une loi. Sinon, cette même loi imposera des solutions.

La question de l'accès des malades au crédit est d'abord une affaire d'éthique. Comment peut-on tolérer aujourd'hui que des personnes en soient privées, au prétexte qu'elles sont atteintes d'une maladie grave ? Le droit au crédit devrait être considéré comme un droit fondamental de la personne, a coutume de dire Mohammad Yunus, le père du microcrédit. Il a raison. Au surplus, les banques - et, par extension, les assureurs - doivent financer de façon dynamique l'économie, donc les besoins de la société : il n'est pas abusif de juger qu'ils ne jouent pas pleinement leur rôle en tenant à l'écart des milliers de personnes. Devant la mauvaise volonté de la communauté financière, le gouvernement est fondé à vouloir légiférer.
Même si c'est regrettable, l'histoire montre qu'il faut souvent une impulsion politique pour que les acteurs du système financier admettent leurs responsabilités : c'est parce qu'il y a eu un débat public sur l'accès des personnes démunies au crédit, en 2005, que les banques ont accepté de réfléchir à des solutions pour réintégrer dans leur circuit les 5 millions de personnes privées de moyens de paiement ou d'accès au crédit, selon des chiffres du centre d'études Auguste et Léon Walras.
Pourtant, banques et assureurs ont les moyens de prendre leur part de la responsabilité collective en matière d'exclusion, sans mettre à mal leur rentabilité. L'exemple des Etats-Unis le montre. Les banques y ont été contraintes de financer les pauvres, par une loi de 1977 (Community Reinvestment Act) adoptée à la suite des mouvements antiségrégationnistes des années 1960 et 1970. Or, cette clientèle nouvelle s'est révélée rentable pour les 40 000 établissements de crédit présents dans les banlieues américaines défavorisées.
Les entreprises, en France, sont souvent mal aimées. Les établissements financiers feraient bien d'y songer : ce sont des comportements comme les leurs qui ont conduit, en vingt ans, à cette situation. Leurs dirigeants seraient bien inspirés de le comprendre. Sinon, ils perdront sur les deux tableaux, puisque l'Etat, garant de l'intérêt général, leur imposera ce qu'ils refusent de concéder, au nom d'une conception étroite et à courte vue de leurs intérêts particuliers.

(Article paru dans l'édition du Monde le 14.05.06)

ID: 37427
Author(s): iff
Publication date: 14/05/06
   
 

Created: 19/05/06. Last changed: 05/10/06.
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